Nos positions

La Ligue Wallonne pour la Santé Mentale continue à interroger les façons de faire d’aujourd’hui qui laissent – il faut bien le dire – de moins en moins d’espace à ce que les vraies questions puissent se poser. Nous en sommes arrivés à devoir d’abord penser “solution”, à nous soumettre aux consignes managériales, aux algorithmes et aux évaluations chiffrées, et ainsi écraser chaque jour davantage “la rencontre” qui reste pourtant l’enjeu même de la relation soignant-soigné.[1]


[1] A. JOOS de TER BEERST et J.P.LEBRUN, La clinique du quotidien. Erès, 2020

La santé mentale ne peut relever du bonheur que la société devrait permettre d’atteindre. Elle ne peut non plus être définie comme le fait l’OMS par « l’état de complet bien-être psychomédicosocial ». La santé mentale ne peut relever que d’un « savoir y faire avec son manque ». Le malaise, que ce manque induit est constitutif de la condition humaine et toute prétention à vouloir l’éradiquer équivaut à vouloir guérir l’humain de son humanité.

C’est donc fort d’une telle orientation que la Ligue continue ses efforts pour “penser” ce que recouvre ladite santé mentale. C’est dans cet esprit qu’elle invite des conférenciers, qu’elle assume des formations, qu’elle propose des activités…, toutes démarches visant, comme l’écrit Emmanuel Venet, à ne pas laisser « la terminologie actuelle, (par son gout immodéré du préfixe –neuro-) suggérer que l’ennemi à abattre est le psychisme, cette réalité (…) qui résiste à l’objectivation, à l’élucidation, à l’évaluation, à la standardisation, à la gestion industrielle et, demain…(aujourd’hui ?)…, à l’intelligence artificielle »[1]. 


[1] E. VENET, Manifeste pour une psychiatrie artisanale. Verdier, 2020.

La LWSM reste résolument tournée et au service de ceux qui partagent ces préoccupations, qui restent orientés par la psychodynamique et la psychothérapie institutionnelle, qui, engagés dans une pratique psychanalytique, n’acquiescent pas aux injonctions de tous ordres qui veulent calibrer les pratiques plutôt que les entendre.

Jean-Pierre LEBRUN

Président